Les levées de fonds ont été divisées par deux au premier semestre

Les start-up mondiales ont levé 65 milliards de dollars au cours des six premiers mois de l’année. La chute des investissements a été déclenchée par le resserrement des politiques monétaires.

 
Les levées de fonds ont été divisées par deux au premier semestre
 

Malgré l’euphorie des investisseurs autour de l’intelligence artificielle générative, les levées de fonds continuent de fortement reculer. Au deuxième trimestre, les start-up mondiales ont récolté 65 milliards de dollars (60 milliards d’euros), selon les données collectées par Crunchbase. Cela représente un repli de 19% par rapport au premier trimestre.

En rythme annuel, la chute est beaucoup plus sévère : -49% par rapport au deuxième trimestre 2022. Sur l’ensemble du premier semestre, de janvier à juin, les levées de fonds ont fondu de 51%, tombant à 144 milliards de dollars. Il s’agit de leur plus faible niveau depuis le premier semestre 2019.

Politiques monétaires

Ce violent retournement a été précipité par le resserrement des politiques monétaires des grandes banques centrales, afin de lutter contre l’envolée de l’inflation. Celui-ci s’est d’abord répercuté sur les valeurs technologiques en Bourse, en particulier sur les sociétés les plus récentes qui ne sont pas encore rentables. Avant de plomber également le financement des start-up.

Depuis mi-2022, les investisseurs se montrent beaucoup plus prudents. Ils n’acceptent plus de financer des sociétés qui perdent beaucoup d’argent sans avoir une trajectoire précise vers la rentabilité. Et ils sont beaucoup plus regardants sur le niveau des valorisations. Quelques secteurs échappent à cette morosité, comme l’IA générative portée par le succès de ChatGPT.

Des investisseurs se retirent

Le déclin des tours de table a été particulièrement marqué dans le “late-stage”, c’est-à-dire pour les start-up les plus matures. Cela s’explique notamment par le fait qu’une partie de ces entreprises rechignent à mener de nouvelles levées, pour ne pas baisser leur niveau de valorisation. En outre, plusieurs investisseurs, comme le japonais Softbank et l’américain Tiger, capables d’injecter des sommes très élevées, ont décidé de réduire la voilure.

Les levées en amorçage résistent mieux, avec un repli de “seulement” 39% au deuxième trimestre. Et un ticket moyen en très légère baisse, passé de 1,7 à 1,6 million de dollars. L’horizon de ces investisseurs étant plus lointain, les conditions actuelles jouent un rôle moins important dans leur stratégie.

 

La France pas épargnée

Ces évolutions sont similaires en France, selon une étude menée par le fonds d’investissement Newfund. Au premier semestre, les sommes levées par la French Tech ont plongé de 57%. Elles sont ainsi retombées à leur niveau de 2020. Cette chute s’explique principalement par la quasi-disparition des “méga-levées”, supérieures à 100 millions d’euros.

Malgré tout, l’écosystème start-up espère un début d’amélioration au deuxième semestre, soulignant notamment que le dry powder (les liquidités détenues par les fonds d’investissement) va bien finir par devoir être déployé. En attendant, les start-up doivent s’adapter. Elles licencient ou acceptent de se faire racheter.

Au premier semestre, le nombre de rachats dans la tech a ainsi atteint un niveau record en France, selon le cabinet de conseil Avolta Partners. Mais le prix moyen de vente n’a jamais été aussi bas : seulement 10 millions d’euros, soit quatre fois moins qu’en 2022.