La chute des levées de fonds des fintechs contraste avec les ambitions du secteur

 
Alors que les start-up affichent d’importants objectifs de croissance, un déséquilibre risque d’intervenir en matière de financement.
Bernard-Louis Roques, co fondateur et directeur général de Truffle Capital

Bernard-Louis Roques, directeur général de Truffle Capital, qui réalise la deuxième édition du palmarès des fintechs  – 

Changement d’ère. Après une période d’euphorie, les levées de fonds dans l’univers des fintechs s’affichent en net repli. Celles-ci ont ainsi chuté de 63% à 1,1 milliard d’euros l’an passé, selon la deuxième édition du palmarès des fintechs en France, dévoilé en exclusivité par L’Agefi.

«L’exagération des valorisations a engendré dès 2022 une forte correction, qui se poursuit aujourd’hui. Dans un environnement plus tendu, les levées de fonds se sont ajustées et devraient rester cette année sur des niveaux similaires à ceux de l’an passé», estime Bernard-Louis Roques, directeur général de Truffle Capital, qui réalise ce palmarès avec le pôle de compétitivité Finance Innovation, BPCE, Sopra Steria et Sopra Banking Software.

Pénurie de talents

 

Cette régularisation des financements contraste avec les ambitions du secteur. Selon l’étude, qui classe les 100 premières fintechs en France selon quatre critères (chiffre d’affaires et croissance de l’activité, effectifs, levées de fonds), le chiffre d’affaires cumulé de ces start-up a crû de 80% à 1,9 milliard d’euros. Sur cette base, les sondés sont 80% à anticiper une croissance de plus de 30% de leur activité cette année, et 53% misent même sur un accroissement de plus de moitié. De même pour 2024, 82% des personnes interrogées prévoient une hausse de plus de 30% des revenus.

La tendance est également au dynamisme en termes de recrutements. Les entreprises du palmarès comptent quelque 14.000 employés, soit un accroissement de 37% sur un an. Elles sont 96% à prévoir de recruter dans les six prochains mois.

Les fintechs se montrent d’ailleurs davantage préoccupées par la pénurie de talents (49% des sondés), que par la crise économique (46%). Le contexte inflationniste et l’environnement plus tendu arrive ainsi en deuxième position des risques et défis auxquels sont confrontés ces jeunes pousses au quotidien, se plaçant ex-aequo avec la conformité et l’évolution de la réglementation. La disponibilité des financements n’arrive qu’en sixième position. «Il y a un risque de déséquilibre entre des sociétés toujours en pleine croissance et des investisseurs qui réduisent la voilure et ciblent aujourd’hui davantage la rentabilité. Le secteur des fintechs, encore jeune, va progressivement atteindre ce stade», analyse Bernard-Louis Roques. Le rééquilibrage est en cours.